mis à jour le 10 octobre 2019
Ce que dit le rapport de Françoise Bilancini, la patronne du renseignement de la préfecture. Selon un document que France Inter s’est procuré, Mickaël Harpon n’avait pas eu de comportement jugé réellement préoccupant depuis 2013, date de sa dernière habilitation secret défense, mais des « frustrations » depuis février 2019. Un rapport qui confirme les propos tenus par Christophe Castaner au début de l’affaire.
C’est une note de quatre pages que France Inter a pu consulter. Elle est signée de l’actuelle cheffe de l’anti-terrorisme à Paris.
Françoise Bilancini confirme que de nombreuses procédures de criblage des agents ont été mises en place depuis son arrivée en 2017, mais que Mickaël Harpon n’y avait pas été soumis parce que rien de préoccupant n’apparaissait dans son dossier pour la sécurité nationale.
La plainte déposée en 2008 par sa compagne (qui est toujours en garde à vue) pour violences volontaires sur concubin avec plus de 8 jours d’ITT avait été finalement retirée.
La dernière procédure d’habilitation de Mickaël Harpon date de 2013, la prochaine devait avoir lieu en 2020.
La directrice de la DRPP confirme également les paroles très dérangeantes de Mickaël Harpon en 2015, lorsqu’il se félicitait de l’attaque de Charlie Hebdo: « c’est bien fait ». Un major et un commandant avaient également été mis au courant de sa conversion à l’Islam. Mickaël Harpon ne serrait plus les mains des femmes, même si selon d’autres témoignages internes, il continuait à embrasser ses collègues féminines encore la semaine dernière. Dans tous les cas, cela ne donnera jamais lieu à des notes écrites.
Françoise Bilancini note qu’en 2015, il a bien fait « l’objet de discussions entre membres de son service sur une éventuelle radicalisation. Que ces éléments ont été portés verbalement à la connaissance de la hiérarchie intermédiaire ; qu’ils n’ont pas donné lieu à des rapports écrits et qu’en tout cas, ils n’ont pas été portés au dossier administratif. »
Le major et le commandant ont expliqué ces derniers jours qu’ils avaient pris régulièrement « des nouvelles » de Mickaël Harpon et qu’on leur répondait à chaque fois qu’il n’y avait « aucun souci » au sein du service de maintenance informatique. Un service qui fonctionnait sur un « mode presque familial » dans un open space à deux pas des bureaux de la direction.
L’auteur de l’attaque de jeudi dernier « semblait » y être parfaitement intégré, poursuit la directrice de la DRPP, malgré un handicap lié à une surdité qui s’aggravait avec l’âge.
« Il semblait nourrir quelques frustrations »
Françoise Bilancini rapporte qu’en février 2019 il avait pour la première fois fait part de « préoccupations personnelles en terme d’évolution de carrière » liées à son handicap et au sentiment de ne pas progresser dans sa carrière ». Ses supérieurs avaient relevé que l’agent administratif nourrissait quelques frustrations et le service RH l’avait pris en compte.
Des formations, avec un traducteur en langage des signes, avaient été acceptées, mais pas toutes celles qu’il souhaitait, poursuit dans cette note l’ancienne secrétaire générale de la Direction Générale de la Sécurité intérieure. Elle affirme que ce n’était pas pour une question de moyens mais de places disponibles dans les formations en question.
Est-ce que cela pourrait expliquer le mobile du passage à l’acte ? C’est ce que les enquêteurs de la section anti-terroriste de la brigade criminelle de la Police judiciaire parisienne essayent de déterminer depuis jeudi dernier.
Est-ce que des personnes de l’entourage de Mickaël Harpon, proches des milieux salafistes islamistes, comme l’a indiqué samedi le procureur antiterroriste Jean-François Ricard, ont profité des « frustrations » de Mickaël Harpon pour l’instrumentaliser ?
La garde à vue de son épouse, qui a été prolongée ce samedi de 48h, pourra peut-être permettre de comprendre quand et pourquoi Mickaël Harpon a décidé de s’attaquer à ses collègues.
En tous cas, ce rapport tombe à point nommé puisqu’il confirme les propos tenus « à chaud » par le ministre de l’Intérieur, actuellement dans l’œil du cyclone pour des propos considérés « mensongers » par une partie de l’opposition.
Invité dans le journal de Wendy Bouchard sur Europe 1, Noam Anouar, délégué syndical VIGI Police et auteur de La France doit savoir (éditions Plon), réagit sur l’attaque au couteau qui a tué jeudi quatre fonctionnaires à la préfecture de police de Paris. Il affirme que l’institution a nié l’attitude de radicalisation de l’assaillant.
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