La macronie craint une élimination dès le premier tour de la présidentielle 2022
Fragilisé par les nombreux conflits sociaux, Emmanuel Macron ne s’avance pas vers l’élection présidentielle de 2022 avec sérénité. D’après Le Monde, les stratèges du chef de l’État envisagent même une élimination dès le premier tour.
Alors que toutes les forces politiques sont en ordre de bataille pour les élections municipales (15 et 22 mars), Emmanuel Macron et son entourage pensent déjà au scrutin présidentiel de 2022.
Non sans une certaine angoisse. Car d’après les informations du journal Le Monde, il se murmure que les stratèges du président de la République « craignent le pire » pour le scrutin… au point d’envisager une élimination du chef de l’État dès le premier tour.
Selon le Monde, Emmanuel Macron en personne a reconnu « un moment difficile du quinquennat« devant les députés de la majorité, réunis à l’Élysée le 11 février dernier. L’ancien ministre de l’Économie le sait : la réforme des retraites, qui s’enlise à l’Assemblée nationale et divise les citoyens, a continué de faire dégringoler sa cote de popularité, déjà bien égratignée par la révolte des Gilets jaunes.
« Je ne parierai pas que le match soit Macron-Le Pen »
Les différents conflits sociaux qui ont émaillé le quinquennat d’Emmanuel Macron ont donc poussé l’entourage du président à se montrer très prudent. Dans les coulisses de l’Élysée, la Macronie estime que tout peut arriver et que rien n’est joué d’avance. « L’enjeu de la prochaine présidentielle, c’est la qualification au second tour », estime un conseiller du pouvoir. Si la méfiance est de mise, c’est également parce qu’ils sont peu à croire à une revanche de l’élection présidentielle de 2017 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. « Je ne parierai pas que le match soit Macron-Le Pen. Je ne sens pas cette envie chez les gens« , a par ailleurs noté un ministre, toujours cité par le quotidien.
Conscient du risque, Emmanuel Macron préparerait donc d’ores et déjà sa future campagne en posant les bases d’un projet susceptible de convaincre les Français de le réélire. Selon Le Monde, Macron souhaite, de son propre aveu, porter des « textes forts politiquement et de réconciliation » afin de donner une tournure plus « apaisée » à la deuxième moitié de son mandat. Avant de savoir à quelle sauce il va être mangé dans un peu plus de deux ans, le chef de l’État aura déjà un premier aperçu de ce qui l’attend en 2022 dès les élections municipales.
Source : 6Medias – lundi 24 février 2020
Des jeunes habitants du quartier de Bourtzwiller, cité sensible de Mulhouse (Haut-Rhin), où il est venu présenter, mardi 18 février, le premier volet de son plan de lutte contre le « séparatisme islamiste ».
« Est-ce que vous êtes candidat pour les prochaines élections de 2022 ? », demande l’un d’eux. Le chef de l’Etat, estomaqué, réfléchit quelques secondes. « Je ne vais pas vous dire ce que je vais faire en 2022, il y a beaucoup de choses qui peuvent arriver d’ici là, réplique-t-il. Au bon moment il faudra arriver à ces choses-là, si j’y arrive. Pour le moment, il faut continuer à travailler. »
Emmanuel Macron « cassant » et « méprisant » ? Ses ministres n’en peuvent plus
Ils lui ont longtemps voué une admiration sans borne. Mais depuis quelque temps, l’image d’Emmanuel Macron semble écornée au sein même de son cercle rapproché. Selon Le Point, les ministres du gouvernement seraient même exaspérés par l’attitude du président de la République…
Le chef de l’Etat aurait-il perdu de sa superbe ? Près de trois ans après son élection, Emmanuel Macron ne jouit plus de l’aura qui lui avait permis d’accéder à l’Elysée. Au delà de ses adversaires, le président de la République cristallise désormais les critiques au sein de sa garde rapprochée. Et après la grogne des députés, c’est au tour des ministres de s’agacer de l’attitude « cassante » du chef de l’Etat. Minés par la contestée réforme des retraites qu’ils doivent défendre, les membres du gouvernement « s’en prennent à celui qu’ils admirent » pour la première fois, écrit Le Point ce jeudi20 février. Dans les arcanes du pouvoir, le ton monte et les critiques fusent. Notamment lors du Conseil des ministres, durant lequel « le président prend rarement la peine de s’exprimer », las d’être questionné sur des sujets de moindre importance. Peu enclin au dialogue, Emmanuel Macron préférerait les petits papiers aux franches discussions et n’hésite pas à solliciter le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, pour faire passer ses messages aux ministres.
« Il commence à avoir tous les symptômes de Sarko, il méprise les gens, il les toise de son intelligence », juge même un membre d’un ministère auprès du Point. Cette supposée vanité se ressentirait donc même au sein du gouvernement. « Les ministres disent de lui qu’il se caresse devant les miroirs », explique-t-on. Le collaborateur d’un autre ministre a même osé une imitation peu flatteuse : « C’est moi le roi et ce sont mes députés, mes gens ». Nos confrères décrivent une ambiance pesante à l’Elysée, où « les noms d’oiseaux volent et où certains sont affublés d’un petit nom désobligeant ». Symbole de la mésentente qui règne ? La réunion de crise du 11 février dernier durant laquelle Emmanuel Macron a tenté d’apaiser les députés après sa critique acerbe. A l’Elysée ce jour-là, aucun ministre du gouvernement hormis Marc Fresneau… celui des Relations avec le Parlement. La réforme des retraites, c’est justement le sujet qui a cristallisé les mauvaises relations entre Emmanuel Macron et ses ministres.
« Personne ne se sent aidé, soutenu, porté… »
« À Matignon, ils ne savent pas manager. Si vous prenez des gens brillants et que vous les faites travailler sans coordination, il y a forcément des couacs, regrette Jean-Marc Borello, pourtant un ami du président de la République, dans Le Point. Et on les a épuisés : tous travaillent comme des fous. Il faut prendre du temps pour travailler ensemble, réfléchir, prendre un verre… Se parler. » Refroidis par un Emmanuel Macron spécialement glacial, les ministres se sentiraient presque abandonnés. « Ils se disent : ‘Qu’est-ce que j’ai à proposer au président ? Est-ce qu’il est de droite, de gauche ?’. Ils ont du mal à le percer, ils n’ont pas de boussole », assure un membre de la majorité, toujours auprès de nos confrères. Pire encore, les ministres auraient l’impression d’être seuls face aux Français mécontents qui risquent de leur faire subir un revers important aux élections municipales. « Ni le président ni le Premier ministre n’a confiance en eux, assure un collaborateur. Ils ne leur envoient jamais de texto pour dire : ‘Tu as bien défendu ton texte’. Personne ne se sent aidé, soutenu, porté… »
Résultat ? Les ministres ont davantage démissionné durant la première moitié du mandat d’Emmanuel Macron que ce ne fut pour ses trois prédécesseurs. Dernière en date : Agnès Buzyn, qui a récupéré la tête de liste LaRem pour les municipales de Paris après l’abandon de Benjamin Griveaux. La treizième ministre à quitter le gouvernement depuis mai 2017 et pas n’importe laquelle puisqu’elle était en première ligne des dossiers sensibles de ces dernières semaines, la réforme des retraites, l’épidémie de coronavirus ou encore la crise de l’hôpital public… Après les élections municipales – et le revers important que la majorité s’attend à essuyer -, l’hypothèse d’un remaniement ministériel se fait de plus en plus probable. Mais en attendant d’être fixés sur leur sort, les ministres serrent les dents. Quant à Emmanuel Macron, il n’a qu’un objectif selon Le Point : celui de l’élection présidentielle de 2022.
Clara Carlesimo | jeudi 20 février 2020 – Crédits photos : Stephane Lemouton / Bestimage
Elections municipales: la majorité à l’épreuve
Par Denis Jeambar le 24.02.2020
Les élections municipales seront sans doute difficiles pour la majorité présidentielle. Pour mettre le cap sur 2022, le chef de l’Etat ne pourra ni enjamber ce scrutin comme il l’espérait, ni en ignorer les résultats. Un rendez-vous qui pèsera sur sa stratégie.
Après avoir beaucoup espéré des élections municipales, la majorité présidentielle voit arriver cette échéance non sans inquiétude et voudrait bien minimiser la signification politique de ce rendez-vous. Certes, l’avenir ne s’écrit pas toujours dans ces élections intermédiaires, mais leur histoire récente montre qu’elles sont souvent prédictives, annonciatrices des défaites ou des succès nationaux. Cependant, ont-elles encore valeur de test depuis la victoire surprise d’Emmanuel Macron en 2017 ? Toutes les cartes traditionnelles de la politique française ont alors été brouillées et nul doute qu’elles le soient encore tant la gauche et la droite ont montré depuis lors, leurs limites et leurs difficultés pour redevenir crédibles. Les élections européennes en ont fait la preuve : elles furent désastreuses pour les partis traditionnels. La République en Marche (LREM), bien que deuxième derrière le Rassemblement national, crut alors que ce scrutin annonçait des brassées de victoires municipales, à commencer par Paris où, en effet, sous l’appellation Renaissance, la majorité avait obtenu 32,90% des suffrages, très loin devant toutes les autres listes, les Verts étant distancés de 13 points, la droite de 22 et la gauche de 24 ! Bref, LREM voyait déjà la capitale macronienne et bien d’autres villes encore.
Grave erreur d’analyse ! La majorité s’est aveuglée avec ces européennes comme le parti socialiste le fit lors des élections municipales de 2001. Le PS y vit un grand succès parce qu’il avait conquis Paris et Lyon, sans mesurer qu’il venait en fait de subir de terribles revers, la droite s’emparant de bien des villes dont l’électorat était populaire. La catastrophe de la présidentielle de 2002, avec l’élimination dès le premier tour du candidat socialiste Lionel Jospin et un second tour opposant Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen, était de fait inscrite dans ces municipales de 2001. L’histoire ne repasse pas toujours les mêmes plats mais la majorité actuelle à force de croire qu’elle réinventait la politique a fini par se bercer d’illusions, imaginant un peu vite que ces élections municipales de 2020 seraient à l’unisson de la présidentielle de 2017 avec une volonté de chamboule-tout. Trop sûre d’elle, LREM a négligé son implantation territoriale et mal préparé ces ides de mars. Le risque qu’elle déchante les 15 et 22 mars est donc sérieux. Et, même si le président a tout fait pour se tenir à l’abri de ce rendez-vous, il n’échappera pas à une analyse nationale du scrutin et à un probable constat d’échec. Cependant, la présidentielle n’intervient que dans deux ans. 2021 sera marquée par deux autres scrutins territoriaux (les régionales et les départementales), autant dire que ces municipales ne préfigureront pas l’élection élyséenne de 2022. Le scénario à venir est différent de 2001-2002 car la majorité peut rebondir l’an prochain. Mais le revers prévisible de ce mois de mars rendra nécessaire de ne pas rater les deux marches électorales qui suivront. Une élection perdue, ça va, trois de suite bonjour les dégâts !
Un président sans assise locale
L’histoire électorale française, si elle a encore un sens, montre qu’un enchaînement de défaites locales pendant un mandat présidentiel conduit à des déconvenues élyséennes. Deux exemples. Nicolas Sarkozy fut battu en 2012 après avoir perdu toutes les consultations intermédiaires durant son quinquennat. François Hollande ne se représenta pas pour ne pas connaître la défaite, mais il alla lui aussi d’échecs électoraux en échecs électoraux durant son mandat. A l’exception de la période gaulliste et de l’élection de 2017, tous les présidents de la Ve l’ont emporté après avoir construit patiemment une assise locale pyramidale (municipales/cantonales ou aujourd’hui départementales/régionales). C’est ainsi que François Mitterrand avec le PS et Jacques Chirac avec le RPR accédèrent au pouvoir. Des édifices politiques qui firent ensuite le succès de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. C’est ce schéma d’accession au pouvoir qui s’est écroulé avec Emmanuel Macron. Pour la première fois, un président s’est imposé sans assise locale. Mais, depuis son élection, il n’a pas réussi à la construire et, sans doute, va-t-on le constater avec le résultat médiocre promis à LREM le mois prochain. Le parti majoritaire remportera sans doute quelques mairies et mettra en avant ces succès mais ces symboles seront les arbres cachant la forêt des échecs et la survivance d’une France municipale d’abord de droite et de gauche.
Est-ce pour autant le retour du vieux système tant mis à mal en 2017 ? Faudra-t-il en 2022 disposer de cette assise locale pour triompher ? Ce n’est pas sûr. Car un édifice politique n’a de sens sous la Ve République que si une figure est capable de l’incarner dans l’élection présidentielle et de porter un projet. Pour l’heure, la droite et la gauche n’ont pas trouvé les héros capables de se dresser face à Emmanuel Macron et Marine Le Pen, elle aussi sans assise locale. Du coup, ces municipales diront si vie locale et vie nationale sont définitivement déconnectées. Il est évident que droite et gauche ont besoin de succès dans ce rendez-vous de mars pour se rassurer sur leur santé électorale mais, faute de trouver chacune un leader charismatique, ce ne sera pas suffisant pour rêver de 2022. Du côté d’Emmanuel Macron, la défaite, même cinglante, ne signifierait pas nécessairement le début de la fin comme ce fut le cas pour ses prédécesseurs. Pour autant, elle constituerait un sérieux avertissement car il verrait alors les oppositions requinquées se mettre à la recherche de chefs crédibles. Pour ne pas créer plus d’incertitude sur son destin l’an prochain, le président n’aura donc pas d’autre choix que d’obtenir des succès départementaux et régionaux. S’il n’y parvenait pas, des vocations surgiraient et la présidentielle deviendrait très incertaine. L’élection de 2017 n’a-t-elle pas démontré que l’imprévisible pouvait désormais en être la clé !
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